Des logements, vite!
La France fait face à une pénurie de logements qui a des conséquences délétères sur le pouvoir d’achat et la qualité de vie des ménages. Plus de quatre millions de citoyens sont mal logés dans notre pays. Il est urgent de simplifier les démarches d’urbanisme pour accélérer la construction de logements, et de déployer des technologies de construction plus respectueuses des riverains et de l’environnement pour renforcer l’acceptabilité des projets.
Près de 500,000 nouveaux logements devraient être construits annuellement pour répondre à l’accroissement de la population et aux besoins de renouvellement du parc. Malgré un rebond lors de ce dernier quinquennat, en 2021, seuls 381,000 nouveaux logements ont vu le jour. Et le nombre de permis de construire à diminué de 14% en zone tendue. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande crée mécaniquement un renchérissement des coûts. Le logement, qui est déjà le premier poste de dépenses des Français, est une contrainte de plus en plus forte sur le pouvoir d’achat, et devient une source d’inégalités de plus en plus criante. Pourquoi ne parvient-on pas à construire plus pour répondre à ces besoins?
L’éclatement des rôles en matière de politique du logement est source d’un désalignement d’intérêts latent. Les objectifs d’accroissement de l’offre de logements restent trop souvent des vœux pieux qui s’arrêtent aux grandes orientations des plans locaux d’urbanisme. En effet, le Maire qui édicte la norme en définissant le PLU, est aussi celui qui va décider de la délivrance du permis de construire. Les élus locaux rendent hélas avant tout des comptes à leurs actuels administrés, qui voient d’un mauvais œil les constructions nouvelles, que ce soit à cause des nuisances engendrées ou de la saturation des équipements publics. Cette schizophrénie pousse trop souvent les élus locaux à exercer un contrôle d’opportunité au lieu de contrôler la conformité à la norme. La délivrance des permis de construire devient parfois le fait du prince, avec des négociations pour aboutir à une acceptabilité politique sur les projets : réduction “volontaire” de la taille des opérations, gel des surfaces etc.
A la décharge des collectivités locales, le rejet des chantiers est également lié au manque d’attractivité de l’acte de construire. Vivre dans des chantiers à rallonge, bruyants et polluants n’est certainement pas de nature à favoriser l’acceptabilité de la construction de nouveaux logements. Pour autant, les nuisances de chantier ne sont pas une fatalité pour les riverains. Pour faciliter et accélérer les délivrances de permis de construire, il est urgent de repenser la construction de façon plus respectueuse des quartiers avoisinants et de l’environnement en général. De nouvelles façons de construire voient le jour comme la construction modulaire, qui est une clef pour assurer une meilleure performance environnementale et limiter les délais et les nuisances de chantier.
Il est temps de simplifier et de digitaliser les autorisations d’urbanisme pour accélérer la construction de logements. Il sera également utile de revoir la répartition des compétences entre les collectivités locales et l’Etat, pour remettre de la cohérence dans la politique du logement. En parallèle, il est de la responsabilité des promoteurs et des constructeurs de déployer de nouvelles technologies de construction, pour que la construction redevienne une opportunité et non une fatalité.